Grâce à l’association « Tous chercheurs » qui organisait cette controversation, le 1er avril… dans la très belle bibliothèque Alcazar de Marseille, on débattait : « Peut-on parler de mafia en France ?« . L’animation était assurée par Jean-Marie LEFORESTIER, journaliste à Marsactu, journal en pointe dans la dénonciation du système Guerini : un « système mafieux » d’après les magistrats français.
Les intervenants était Laurent Mucchielli : directeur de recherche au CNRS. Laboratoire méditerranéen de sociologie-LAMES (CNRS/AMU). Ce dernier pense qu' »on peut être critique quant à l’usage expansif du mot mafia dans les discours politiques et médiatiques, notamment lorsqu’il est question de criminalité en cols blancs, de grand banditisme alimenté par les trafics de drogues, de contrôle d’établissements de nuit et de jeux. On peut aussi s’interroger sur la notion de « pratiques mafieuses » et son intérêt pour décrire diverses formes d’ententes reliant les sphères d’activités légales et illégales, les mondes du banditisme et de la vie politique ». Pour une analyse plus complète, cliquez : Faire Savoirs | n° 11, Dossier thématique : Délinquance, criminalité et banditisme dans la région marseillaise. Pour cet éminent sociologue, donc, la mafia à la française n’existe pas. Sur la photo, à droite, le président de Crim’HALT se gratte l’oreille afin de savoir si c’est un poisson d’avril 🙂
Fabrice Rizzoli : auteur de « La mafia de A à Z » était venu avec un paquet de taralli Libera Terra (à ses pieds) fait par des coopératives sur des terrains confisqués aux mafieux pour rappeler qu’avant les lois antimafias italiennes (1982/1991/1995), en Italie aussi on pensait que la mafia n’existait pas… Sur la photo, Laurent Mucchielli à gauche, semble dire « cause toujours » 🙂
Fabrice Rizzoli, le docteur en sciences politiques pense aussi que : « pour interroger le paradigme « mafia », il est nécessaire de se référer aux travaux sur la mafia italienne, qui demeure la criminalité la plus aboutie et la mieux étudiée. Le sociologue Umberto Santino la définit comme un corps social, une bourgeoisie mafieuse : unique concept capable d’expliquer la pérennité du phénomène mafieux. C’est à partir de ce concept qu’il convient de valider l’hypothèse d’une bourgeoisie mafieuse en France. »
Incapable d’imposer leur point de vue, l’un et l’autre des intervenants mais aussi le public furent sauver par l’arrivée de la compagnie ForceNez. Leur animation décalée mais subtile, reprenant avec classes les arguments du débat renvoya chaque controverseurs à leur travaux à venir.
En effet, Tommaso Giurati, membre de Libera Marseille mais surtout doctorant sous la responsabilité de Laurent Mucchielli sera avec Fabrice Rizzoli au 32ème congrés de Géographie à Rome au moins de juin pour faire le point sur : « mafia et criminalité organisée dans les recherches scientifiques en France : les lieux de sociabilisation du « milieu français et l’exemple des bars de Marseille ».