
Dans le cadre du projet Erasmus+ « Crim’HALT et Culture Contre Camorra » Crim’HALT se rend cette semaine en banlieue napolitaine pour apprendre du Comité Don Diana les tenants et les aboutissants de la pratique italienne de l’utilisation sociale des biens confisqués. Les participants à ce voyage studieux, issus de la société civile et de divers univers (journalisme, associations militantes sur les droits fondamentaux et la lutte citoyenne, professeurs, agents de l’Etat, etc.) nourrissent un dialogue enrichissant avec les acteurs de la confiscation et de l’utilisation des biens confisqués.
Qu’est-ce que le Comité Don Diana ?
Il s’agit d’une association créée il y a 25 ans, en hommage à un célèbre homme d’Eglise qui s’est insurgé contre la mafia locale, la Camorra des groupe des Casalesi qui finit par l’assassiner en 1994. Le Comité Don Diana en investissant la terre, en créant des réseaux entre les institutions et les citoyens regroupant des dizaines d’association et de coopérative (cf. ici un centre pour enfant autistes). Aujourd’hui, les terres en questions ont été libérées de l’emprise totale de la mafia et sont devenues les terres de Don Peppe Diana (Cf. Antimafia)
La maison Don Diana
Crim’HALT s’est rendu dans la villa qui abrite aujourd’hui le « quartier général » du comité. Confisquée en 1998 par les autorités italiennes, elle n’a pu être investie par le comité qu’en 2015 (Public Sénat : Le théatre de la Légalité). Elle abrite tout d’abord des tableaux de la Galerie des Offices de Florence, et véhicule ainsi le symbole fort que la lutte contre la criminalité organisée est avant tout une lutte culturelle. Très vite, elle devient le lieu d’exposition de 116 portraits, au pied desquels figurent noms et âges, tous « victimes innocentes » de la mafia.
Le comité est présent dans l’ensemble de la région et œuvre à la réinsertion sociale, à la reconquête d’un territoire ravagé par la mafia. Au total, ce sont près de 20 000 biens qui sont confisqués et réutilisés dans l’ensemble de l’Italie, par une multitude de coopératives. Crim’HALT apprend au cours de ce voyage les implications de la législation italienne. Les objectifs, multiples et aux implications complexes, nous sont résumés par ces mots :
– recréer une économie sur ces terres et changer les mentalités, en s’appuyant sur les réalités sociales de ce territoire et en redonnant de la dignité au peuple par le travail ;
– créer une économie sociale et solidaire en alimentant des réseaux d’échanges de biens et de services entre les différentes structures réutilisées, afin qu’elles ne soient pas laissées à l’abandon ;
– recoloniser les terres occupées par la mafia, en investissant leurs biens, symbole de leur domination des territoires qu’ils désignent de leur nom.