Crim’HALT a choisi de donner la parole à un des ses adhérents, Quentin sociologue de formation : une parole très Crim’HALT :
Depuis la rentrée, le gouvernement a décidé de se focaliser sur les personnes en situation irrégulières. Deux mesures renfonce la précarité d’une population déjà très discriminée : la modification des modalités de retrait pour l’allocation pour les demandeurs d’asile (ADA) ainsi qu’une remise en cause de l’aide médicale d’État (AME). Crim’HALT s’inquiète de ces mesures discriminatoires potentiel effet d’aubaine aubaine pour la pègre.

Début novembre, l’ADA autrefois versée avec un système de carte de retrait, se voit transformée en carte de paiement. D’aprés France Terre d’Asile, « cette mesure va à l’encontre de la nécessité de liquidité pour les actes de la vie quotidienne compliquant ainsi la vie des demandeurs d’asile : achats au marché, boulangerie, paiement de titres de transport à l’unité, laverie, sommes symboliques demandées par certains hébergements d’urgence ou associations caritatives assurant des distributions alimentaires, etc. » Les sans-papiers se retrouvent ainsi avec une allocation excessivement difficile à utiliser, les plongeant dans un parcours du combattant pour avoir accès aux besoins élémentaires. Cette grande précarité qui les entraîne à souffrir de la faim au début de l’hiver favorise les « marchés noirs ». Toujours présent, avec une grande quantité de liquide, de nombreux trafiquants n’hésiteront pas à proposer à ces personnes de quoi se nourrir contre des travaux bien loin de la légalité. En laissant une population dans une précarité extrême, le gouvernement nourrit ses propres ennemis.
A cette difficulté pour se nourrir, s’ajoute une réduction de l’accès aux soins. D’après la déclaration du Premier Ministre, le gouvernement tient à faire des économies sur une aide indispensable pour les demandeurs d’asile. Pour rappel, l’AME représente aujourd’hui un budget 943 millions d’euros quand la fraude fiscale est estimée à 100 milliards d’euros par an selon une enquête de Yannick Kergoat et Denis Robert soit moins de 1% (0,943 %) du manque à gagner en impôts. Non seulement l’argument du coût de l’AME est sans fondement, mais cette coupe risque encore de bénéficier aux marchés illégaux.

Cette exploitation de la misère peut prendre différentes formes. A Paris en 2017 France bleu rapportait le cas de prostitution chez de jeunes migrant-e-s qui ne savaient parfois pas ce qui les attendait. Désespéré-e-s, à la recherche d’une rémunération et d’un endroit où dormir, les migrant-e-s se retrouvaient malgré eux/elles prostitué-e-s. Toujours en France, plus récemment, un article du New York Times traduit par Courrier International alertait sur la naissance d’un trafic de coursier. Des individus n’hésitant pas à louer leurs comptes livreur à des migrants en échange de 30% à 50% des gains de la journée.
Crim’HALT tend à rappeler que les organisations criminelles et les trafics sont des phénomènes étroitement liés à l’organisation de notre société (ici lien conf CH). Récupérer des sommes dérisoires en plongeant dans une extrême pauvreté une population, ne fera qu’agrandir la nécessité pour ces personnes de trouver un moyen de se financer à n’importe quel prix. Cela constitue un cadeau pour les employeurs mal intentionnés qui peuvent exploiter ces individus tels des esclaves comme cela se voit beaucoup en Italie du Sud depuis longtemps. C’est également une opportunité de plus pour le criminalité bénéficiant d’une main d’œuvre tentant désespérément de survivre.
Lutter contre la pègre en précarisant les plus pauvres revient à éteindre un feu en y jetant de l’essence.
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