Lundi 13 janvier 2020, de 17h à 19h, Fabrice Rizzoli est intervenu dans le cadre du séminaire « Hors la loi », organisé par des doctorants de l’université Paris 3. Le sujet du jour n’était autre que La géopolitique critique des criminalités : le paradigme légal-illégal au prisme des représentations fictionnelles.
Dans une première partie introductive, Fabrice Rizzoli est revenu sur le but de ce séminaire : comprendre la croisement entre la fiction et la réalité. Il a également rappelé que s’intéresser à la mafia c’est aussi et avant tout s’intéresser à l’anti-mafia : « on ne peut pas étudier les mafias italiennes sans passer par l’anti-mafia ».

L’anti-mafia est en effet très présente, notamment en Italie, au travers de différentes initiatives comme le cinéma itinérant anti-mafia (qui est venu deux fois en France) ou la production de mets alimentaires sur des biens et terres confisqués à la mafia. FLARE, puis Crim’HALT se positionnent également dans cette lignée en proposant par exemple la réalisation de Confiscopolis, en étant auditionné par la commission violence en Corse, ou encore dans un cadre scolaire au travers de la réalisation d’une bande dessinée.
Jeux de société version géante, travail avec des mineurs sur le thème sensible qu’est la grande criminalité, mais aussi enseignement dans des universités et école au travers de supports cinématographiques… En bref, comprendre les enjeux de la grande criminalité et pouvoir en saisir la nécessité d’agir contre passe avant tout par la sensibilisation.
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Après ces quelques rappels, Fabrice Rizzoli a choisi des scènes de films et séries afin de les analyser avec les participants. Ainsi, les représentations fictionnelles telles que Breaking Bad, Narcos, Beat, Gomorra, Peaky Blinders, etc. ont été passé au crible d’une géopolitique critique des criminalités pratiquée à Sciences Po Paris par exemple.
La dernière demi-heure du séminaire a été consacrée à un moment de discussions, débats et questions. Il en est ressorti deux interrogations principales :
- Comment un spectateur lambda peut-il comprendre toutes les références et tous les clins d’oeils fait par le réalisateur ? Le contenu est riche mais les interprétations souvent pauvres. Réponse : même si une scène ne nous parle pas, ne révèle rien pour nous, il est indéniable que le spectateur intériorise ce qu’il vient de voir et pourra s’y référé plus tard, dans un autre contexte et faire le lien lui permettant alors de renforcer sa compréhension.
- Peut-on dire que les représentations dans les films et séries se font au service d’une certaine propagande (drogue, violence, mafia, etc.) ? Réponses multiples ici, chacun avait un avis différent. Il en ressort cependant que si l’on apprend à décrypter les images, c’est souvent une image négative du « mafieux » qui ressort : cloitrer chez lui, prisonnier, en guerre contre sa famille, etc. A aussi été mis en évidence que le danger réside dans « la réalité des scènes » qu’il est parfois possible d’observer et qui facilite l’identification du spectateur aux scènes qui se déroulent. Certaines peuvent donc donner des idées, donner envie. Un fait, rapporté par un participant, Gael Martin du site Cinematraque vient appuyer cette thèse : celui de deux jeunes qui, à Toulouse, ont essayé de faire disparaitre un corps avec de l’acide comme cela est le cas dans « Breaking Bad » (plus de détails sur l’affaire ici).
N’hésitez pas vous aussi à réagir et nous partager votre point de vue !
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Le 25 février 2019, Crim’HALT s’était déjà rendue à un séminaire « Hors la loi » sur les zones grises, marges et pouvoirs criminels en Italie. Vous pouvez retrouver l’article sur ce précédent sujet ici.